Tout le monde veut rester jeune ou ne jamais mourir.
C’est le désir conscient voire inconscient de l’humanité toute entière.En 1984, le groupe de New Wave allemand Alphaville le chantait déjà très bien avec son tube « Forever Young ». www.youtube.com/watch?v=t1TcDHrkQYg
D’un point de vue général, on constate une époque où le jeunisme est de mise. Toute personne exposée dans les media sera tôt ou tard jugée sur son physique…
Générations entremêlées.
Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une perte de repère des générations.
Beaucoup d’adultes nés après mai 68 sont immatures, le phénomène des « adulescents » voit le jour. En 2002, Marie Giral publie un essai sur cette tendance dans un ouvrage intitulé : « les adulescents, enquête sur les nouveaux comportements de la génération Casimir ».
Voici un extrait : « Aujourd’hui, les adultes de tout âge s’infantilisent et les psychiatres s’inquiètent de ce prolongement interminable de l’adolescence. La tendance est née au cours des années soixante dans tous les pays industrialisés, quand la génération du baby-boom a eu vingt ans. Ce sont eux, les cinquantenaires d’aujourd’hui*, qui ont inventé le « jeunisme », ce culte du jeune (plus beau et mieux que le vieux), contestataire, libre et individualiste. *En 2011 ils sont devenus sexagénaires.
En juin 2011, lors des Rencontres NellyRodi pour l’innovation dont le thème choisi était « Réconcilier les générations », le pédopsychiatre Patrice Huerre indiquait que les adultes d’aujourd’hui veulent rester jeunes et supportent mal de vieillir. Conséquence, notre société change de forme, nous sommes dans une époque adolescente marquée par le présent. Les adolescents sont en mal de repères et désespèrent de ne pas trouver de « vrais adultes »…
Dans le prêt à porter, on trouve de plus en plus de vêtements déclinés à l’identique de la maman à l’adolescente. Certaines marques comme Comptoir des cotonniers ont été des précurseurs en la matière. Aujourd’hui quantités de marques ou d’enseignes suivent cette tendance en pleine expansion.
Autre exemple, aujourd’hui on parle davantage du phénomène des cougars, ces femmes d’âge mûr (souvent aux alentours de la cinquantaine) qui entretiennent une relation de couple avec un jeune homme de dix à vingt ans de moins qu’elles. Figure emblématique de cette tendance, Madonna. Toutefois l’actrice Demi Moore va encore plus loin en étant mariée à Ashton Kutcher, acteur hollywoodien de quinze ans son cadet.
En fait, non seulement ce phénomène n’est pas nouveau mais il existe partout. Par exemple, dans la Russie du dix-huitième siècle, l’impératrice Catherine II dite Catherine la grande était une véritable « mangeuse » d’homme dont la plupart étaient bien plus jeunes qu’elle.
Solutions Anti-âge.
A partir des années quatre-vingt commence la grande période des crèmes anti-rides avec la mise en avant d’actifs comme les anti-oxydants, les AHA ou alphahydroxyacides, le collagène etc… Cette tendance aux anti-rides n’a jamais cessé de s’amplifier depuis plus de trente ans. Entre temps, la chirurgie esthétique est arrivée.
De 2003 à 2010 la série américaine Nip/Tuck a largement illustré les usages et les abus de la chirurgie esthétique. La série doit son nom à l’étymologie même des termes Nip et Tuck. En effet, to nip signifie inciser, to tuck signifie replier, rentrer, retendre, c’est l’action de la rhytidectomie ou lifting en anglais.
Aujourd’hui, la chirurgie esthétique se démocratise et les demandes sont croissantes. Dans un article intitulé « Le boom de la chirurgie esthétique » paru sur www.doctissimo.fr on apprend qu’en France, 100 000 personnes ont eu recours à la chirurgie esthétique en 1999.
Dans les medias, on observe quantités de publicités pour les soins anti-âges et autres anti-rides. Il y a quelques années pour illustrer l’efficacité de ces anti-rides on choisissait des mannequins qui dépassaient rarement la trentaine. Aujourd’hui, preuve que les cougars ou les belles femmes de plus de cinquante ans ont acquis une certaine légitimité, ce sont une nouvelle génération d’icônes que l’on voit s’afficher dans la presse, sur internet, à la télévision. Par exemple Inès de la Fressange vient de signer, à plus de cinquante ans, un contrat avec L’Oréal Paris pour le nouveau REVITALIFT. L’accroche publicitaire résume tout : « Le 1er Anti-âge intégral qui combat les 10 signes de l’âge en un seul geste». Depuis quelques années Andie McDowell, et Jane Fonda (qui aura soixante quinze ans en 2012), sont d’autres exemples d’ambassadrices régulières des produits anti-âge L’oréal.
Cette tendance croissante n’est pas prête de s’arrêter, bien au contraire…
D’autres scientifiques planchent actuellement sur l’évolution de l’espèce humaine.
Le 21 février 2011, le journaliste Lev Grossman introduisit la « Singularity » en publiant un long dossier dans l’hebdomadaire américain Time. La page de couverture ne peut laisser personne indifférent avec son titre choc et son visuel futuriste. Voir la photo liée à cet article.
2045 « The Year Man Becomes Immortal *» *( if you believe humans and machines will become one).
Mais qu’est-ce que « Singularity » une théorie dont certains deviennent adeptes et d’autres rejettent ?
Singularity, peut-être la vie éternelle ?
Tout a commencé avec Raymond Kurzweil.
En 1965, Raymond Kurzweil fait sa première apparition publique lors d’un jeu télévisé intitulé « I’ve got a secret ». Voir la vidéo archivée sur youtube, http://www.youtube.com/watch?v=X4Neivqp2K4
Raymond Kurzweil, ce petit génie alors âgé de dix-sept ans, avait conçu de façon artisanale un ordinateur capable de composer une mélodie. A cette époque les imprimantes n’existaient pas donc Ray Kurzweill avait également eu l’idée d’incorporer une machine à écrire à son ordinateur pour que ce dernier restitue la mélodie par écrit. Ensuite Ray Kurzweil interpreta au piano le morceau composé par l’ordinateur.
C’est à partir de là que Kurzweil «mis le doigt » sur cette importante notion d’intelligence artificielle. Déjà à ce moment là, il devait sentir intuitivement qu’un jour on parviendrait au seuil où l’intelligence artificielle dépasserait l’intelligence humaine.
Quarante six ans plus tard Kurzweil démontre scientifiquement que justement nous approchons du moment crucial ou l’intelligence artificielle sera supérieure à l’intelligence humaine. Entre temps, depuis trois ans Kurzweil a co-fondé une université ainsi qu’un institut dédié à l’intelligence artificielle basé à San Francisco où se tient un sommet annuel auxquels participent psychologues, neurologues, biologistes, médecins etc…
Voici un extrait de l’article de Lev Grossman que j’ai traduit :
Lors du sommet qui s’est tenu en âout 2010 à San Francisco, au delà des discussions concernant l’intelligence artificielle, le sujet du prolongement de la vie fut encore plus largement débattu. (…)
Pour les adeptes de la « Singularity » baptisés « Singularitarian » la vieillesse est une maladie comme une autre. Et que faites-vous des maladies ? Vous les soignez. ( …)
Par exemple, on sait que l’une des causes de la dégénérescence physique associée à l’âge implique les télomères, ces fragments qui se situent au bout de nos ADN. A chaque fois qu’une cellule se divise, ses fragments de télomères se réduisent. Or quand une cellule n’a plus de télomères, elle ne peut plus se reproduire et meurt. Mais l’enzyme, la télomérase a les propriétés d’inverser ce processus. C’est l’une des raisons pour laquelle les cellules cancéreuses vivent si longtemps.
Alors pourquoi ne pas traiter régulièrement les cellules non cancéreuses avec de la télomèrase ?
Cela a été pratiqué en novembre 2010 quand des chercheurs de la Harvard Medical School ont administré de la télomérase à des souris qui souffraient de dégénérescence physique lié à l’âge. Résultat, les dommages disparurent, non seulement les souris allèrent mieux mais surtout elles rajeunirent…
Beaucoup de « Sigularitarian » sont convaincus qu’il sera possible de vivre éternellement à partir de 2045.
Bien évidemment la « Singularity » est très controversée, elle est perçue par certains comme une fantaisie, voire une lubie. En revanche, pour Kurzweil la croissance exponentielle des progrès scientifiques en nanotechnologie et en biotechnologie a des implications extraordinaires sur l’évolution.
Par rapport à la théorie de la sélection naturelle de Darwin on basculerait ainsi vers une sélection artificielle qui poserait évidemment de nombreux problèmes d’ordre éthique.
En 1999, le film Matrix a marqué le coup d’envoi grand public des réflexions sur l’intelligence artificielle et l’articulation des mondes réels et virtuels. Ensuite, d’autres films comme Minority report et plus récemment Inception ont mis en scène des fictions qui s’approchent de la Singularity.
Pour les « Singularitarian » vivre éternellement devient une réalité au point que les gens choisiraient un jour de vivre ou mourir…
Réalité future ou fiction présente, seul l’avenir nous dira si Kurzweil a vu juste.
En attendant, nous continuons à vieillir tout en espérant vivre toujours plus longtemps voire éternellement ?