Graffi-time
Graffitis, 40 ans de couleurs interdites?
Il y a quelques mois j’ai remarqué que tags, fresques, graffitis, dessins, pochoirs étaient de plus en plus présents sur les murs, camions, trains, panneaux, etc…
Au départ je me suis dit qu’il y avait une recrudescence de ce phénomène considéré comme du Street Art par certains, du Vandalisme par d’autres, et enfin les deux à la fois pour les connaisseurs.
Au bout d’un certain temps, j’ai constaté que je ne me trompais pas.
Pas une journée sans tomber sur un tag.
De là, j’ai commencé à faire des recherches. Hélas je me lançais dans un vaste chantier.
Tout d’abord parce que historiquement la fresque existe depuis la préhistoire. Ensuite, parce que cette dernière est un moyen d’expression anthropologique, politique, sociétale etc… et enfin parce que tags et graffitis représentent plus que tout cela, ils s’inscrivent dans un véritable mouvement universel…
Depuis maintenant 40 ans les graffitis se déploient sur les murs, devantures de magasins, panneaux routiers. Mais c’est véritablement depuis les années 2000 que les graffitis classés dans la catégorie Street Art commencent à être reconnus.
Aller à la rencontre des graffitis c’est plonger dans un monde qui nous émerveille. Surtout lorsqu’on découvre au détour d’une friche urbaine une fresque colorée, souvent explosive qui fait rêver et ne fait qu’embellir un chantier en démolition, une gare sinistrée, un mur hostile…
A New York pendant plus de 30 ans Henry Chalfant a photographié de nombreux graffitis sur les trains. Avec Martha Cooper ils les ont immortalisés dans un ouvrage culte intitulé SUBWAY ART. En 1984, Henry Chalfant a également produit STYLE WARS documentaire qui relate l’histoire du développement du Street Art indissociable du développement du Hip Hop. Le film a obtenu le Grand prix du documentaire au Sundance film festival.
Aujourd’hui, en France, c’est Alain-Dominique Gallizia, architecte, qui prend la relève en organisant d’extraordinaires manifestations. D’autres l’ont précédé, Jack Lang avec une exposition au musée des monuments français en 1991, Agnès b dans ses galeries privées.
En 2009, Alain-Dominique Gallizia organisait la première grande exposition internationale d’art du graffiti au Grand Palais. www.tagaugrandpalais.com
Cette exposition rassemblait les plus grands graffeurs du monde entier.
En effet, les stars internationales Ash, Bando, Blade, Ces, Crash, Dondi, Jay One, Jonone, Futura 2000, Nunca, Psyckoze, Quik, Ramellzee, Seen, Stayhigh, Taki 183 et Toxic étaient toutes présentes à l’appel.
Après « 40 ans de Pressionnisme », Alain-Dominique Gallizia semble ouvrir une brèche pour promouvoir cet art urbain.
Depuis l’événement au Grand Palais, une soixantaine de galeries ont ouvert leurs portes aux « Street Artists ».
S’il a fallu tant d’années avant d’inscrire le graffiti comme un art c’est parce que ce dernier a toujours subi un certains nombre de pressions qui ont bloqué son développement : pression de la ville, pression du public, pression des artistes et pression de la bombe. Source Beaux Arts éditions, collection Gallizia.
Aujourd’hui, l’art du graffiti est tout à fait dans l’air du temps.
Il n’aspire qu’à fleurir, d’ailleurs le groupe LVMH l’a bien compris puisque l’année dernière à travers la marque Kenzo sortait le parfum Flower Tag dont la campagne publicitaire avait pour support un mûr de Tags.
http://www.kenzo-flowertag.com/
Autre exemple, en 2011 la maison Hermès a demandé à Kongo, graffeur reconnu dans l’art du writing, de développer des imprimés de Tags sur des carrés Hermès. ( photo à la une de cet article).
Ces foulards ont été produits en 50 000 exemplaires à travers le monde. Quelques mois plus tard il n’en restait plus un seul à vendre sur le marché. Voir la vidéo de Claude Kunetz
Preuve que la quintessence du luxe s’intéresse à cet art de très près et lui trouve des applications concrètes au niveau de la consommation.
Mais quel avenir pour les graffitis ?
Plusieurs scénarios sont envisageables :
1- Street Art= Art et/ou Vandalisme ? Dans certains pays, apposer une signature sur un mûr est passible d’emprisonnement. Ce problème demeurerait chez certains pays réfractaires freinant ainsi le développement de cet art.
2- Dans cette ère « technologique » ne peut-on pas considérer que les graffitis sont arrivés à maturité ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, son intérêt résiderait dans une certaine nostalgie du passé pour le Writing?
3- Un enseignement de cet art dans les écoles assurerait sa pérennité. Ainsi de nombreux artistes déploieraient leur talent sur de larges toiles à l’instar de celles que les plus grand graffeurs au monde ont produit pour l’exposition Tag au Grand Palais. L’art du graffiti serait enfin reconnu, apprécié, et considéré comme l’art pictural le plus en phase avec notre époque.
Galerie Wallworks
Street Art à la galerie Wallworks
Immergée dans l’univers du tag et du graffiti depuis plusieurs mois, jeudi 12 janvier je me rends au dernier vernissage de la galerie Wallworks.
Après le succès de l’exposition Off The Wall qui s’est tenue à Singapour du 19 au 26 novembre 2011, la galerie Wallworks propose une version parisienne de l’événement.
Neuf des graffeurs présents à Singapour, Alex, Ceet, Colorz, Fenx, Gilbert, Kongo, Lazoo, Sonic et Tilt, se retrouvent à la galerie parisienne pour présenter chacun 3 toiles.
Pour moi, c’est l’occasion d’interviewer les artistes Fenx et Gilbert ainsi que Claude Kunetz, directeur de la galerie, qui accepte volontiers de parler de ses projets.
Retrouvez également toutes les photos des toiles exposées actuellement à la galerie Wallworks.